Pourquoi j’aime les OKRs

Dans la lignée des précédents articles sur les OKRs :

Aujourd’hui je vous explique pourquoi j’aime les OKRs.

C’est vrai que, tout le monde ayant des méthodes pour tout, on finit par être saturé de conseils dans tous les sens, souvent sans trop voir de valeur ajoutée. Mais, en ce qui me concerne, pour les OKRs c’est un peu différent. Pour plusieurs raisons.

#1 – Ca m’aide à rester concentré sur le problème

Ne vous laissez pas duper par son regard fixe et et son impassibilité : cet homme n’est pas concentré, il est ailleurs.

Ce qui est sain avec le pilotage par OKRs, c’est qu’il dissocie la destination (les objectifs) du chemin parcouru pour l’atteindre (les actions mises en oeuvre). Mieux, il place l’attention sur les objectifs : ce qui compte, c’est la réalisation, et, en quelque sorte, tous les moyens sont bons. De fait, cela relègue les tactiques au second plan. Et c’est très appréciable quand on est impliqué dans le pilotage du delivery, car ça contribue à mettre de la distance avec les chantiers.

Ces chantiers, on les a vu naître. On a passé du temps à les cadrer. On s’est pris à penser qu’ils étaient LA solution. Qu’il ne restait plus qu’à livrer et le tour était joué. En fin de compte, on avait fini par s’attacher.

Et puis : une dépendance, un imprévu, des actions sous estimées, l’entrain du début qui retombe et l’équipe qui commence à s’essouffler… Bref, pour tout un tas de raisons, le sujet s’enlise.

Mais là, mauvais réflexe, on se dit que l’on a déjà trop investi pour s’arrêter, que l’on est trop proche du but pour repartir de 0… Bref, on applique toute une série de mauvais raisonnements qui nous mettent encore plus dedans.

Non, l’homme n’est pas un animal rationnel au sens de Von Neumann et Morgenstern. Notre réaction, par rapport aux Sunk Costs en est un exemple.

Et dans tout ça, on en avait oublié que ce chantier, c’était juste un moyen… Bref, les OKRs permettent de remettre la tache à sa place et de l’y laisser : ce n’est pas une fin en soi, mais une simple tactique. En quelque sorte, ce n’est qu’une bataille, mais ce n’est vraiment pas la guerre. En ce sens, c’est une vraie aide pour le PM/PO impliqué dans du delivery qui a vite fait de se laisser aspirer par l’opérationnel. Le pilotage par OKRs l’aide à se rappeler de deux dimensions essentielles de son travail :

  • ce qui compte, c’est le problème, pas la solution
  • son rôle est de maximiser la valeur livrée, pas de livrer des fonctionnalités
Oyé Oyé amis Product Manager, Designers, Entrepreneurs : l’important ce n’est pas la solution, c’est le problème. Le problème justement, c’est qu’on a vite fait de l’oublier !

#2 Ca m’aide à avoir des idées

C’est en réalité un corollaire du point précédent. Pour résumer l’idée, et filer la métaphore de la guerre, on peut reprendre le mot du Général Patton : “Don’t tell people how to do things, tell them what you need done and let them surprise you with their results”. Expliciter ce qui doit être accompli, c’est ce que font les OKRs. Le comment, on peut le laisser à la créativité de l’équipe.

Les OKRs, ça ne se décrète pas à la légère. C’est le résultat d’un travail. On se fixe des objectifs, ambitieux certes, mais le but c’est quand même de les atteindre. Et pour s’assurer qu’ils sont réalisables, ce que je fais généralement c’est de les figer progressivement. Je me sers d’une première ébauche de mes KRs pour brainstormer des idées d’actions qui nous permettraient de les remplir, sur une approche similaire à l’Impact Mapping. Ensuite je creuse ces actions pour comprendre si elles peuvent rentrer dans le trimestre. Et creuser les actions, ça me donne aussi des idées d’impacts que je pourrais aller chercher, et donc ça me fait revenir sur mes KRs pour les ajuster. C’est un cycle itératif, ou je fais un ping pong entre mes KRs et ma roadmap, un peu comme dans la méthode C-K, où l’on oscille entre l’espace des concepts et l’espace de la connaissance.

Impact Mapping et OKRs se ressemblent étrangement. Mais par delà les mots, l’essentiel c’est le concept : penser impact, mesurer la progression vers l’impact via des metrics pertinents – les fameux Résultats Clés, et reléguer les actions (ici les deliverables) au rang de simple tactique pour atteindre vos Résultats Clés.

En fin de compte, plus que des KRs, ce que je fige, c’est une roadmap avec des US dégrossies à moitié (suffisamment pour les estimer sans trop de variabilité) et des US de secours, qui vont me permettre d’aller chercher des impacts qui répondent à un objectif. Grosso modo, étant PO/PM, si je fais bien l’exercice dans sa globalité, j’ai déjà fait une bonne partie de mon trimestre. Bon, je ne dis pas non plus que l’exercice est simple 😉

C’est d’ailleurs une vraie bonne chose que le KR soit mesurable. En particulier pour le PO/PM, car ça lui rappelle une dimension basique de son travail, qui est de maximiser la valeur livrée. Or, ce qui ne se mesure pas, ne s’améliore pas nous faisait remarquer à juste titre Peter Drucker. En effet, pour évaluer rigoureusement si ce qu’on a fait a servi a quelque chose, il faut bien être capable de le comparer à une base objective.

#3 Ca m’aide dans ma communication avec la direction

Dans votre organisation, il y a sûrement des gens qui considèrent sincèrement que ce sur quoi vous travaillez est important, mais qui n’ont pas plus de 2min à vous accorder pour s’enquérir de votre avancement. Et généralement, plus l’entreprise est grande, moins les gens ont de temps à vous accorder pour comprendre les problèmes sur lesquels vous travaillez.

Avec des OKRs vous pourrez donner rapidement des indicateurs pertinents que vos interlocuteurs pourront mémoriser facilement et éventuellement refaire circuler à d’autres personnes.

Vous, ce problème, vous avez fini par le connaître par coeur. Vous pourriez en parler des heures. Et puis, peut-être que vous êtes comme moi et que vous aimez bien parler.

Bref, encore une fois, les OKRs sont vos amis. Si vous avez bien fixé vos KRs (et qu’ils sont donc facilement compréhensibles par tout le monde), vous pourrez même aller encore plus vite que les 2min qui vous sont gracieusement allouées ! Lors de vos revues trimestrielles, votre communication sera claire et concise:

  • Voici un rappel de nos OKRs de ce trimestre, et voici notre évaluation de ces KRs
  • Voilà les OKR pour le prochain trimestre et pourquoi on les fixe.

Boom, c’est plié. Et si on vous demande des détails, bien sûr, vous pourrez vous en donner à coeur joie. Mais seulement si on vous les demande : n’oubliez pas que souvent les gens relient votre communication à votre travail. Une communication brouillon, et votre travail sera nécessairement brouillon. C’est ballot, mais c’est quand même souvent comme ça.

Alexandre
Cavallaro

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